IMPORTANT : ces chapitres sont écrits par Nirina Ralantoaritsimba © en écriture automatique, ou quasi ! C’est-à-dire au fil de la plume, en improvisation, sans réfléchir ni préméditer…
CHAPITRE I
De la chose au mot et du mot à la chose
Depuis mon enfance, je suis fascinée par l’objet nommé kaléidoscope.
Je me souviens de la première fois que j’ai eu entre mes mains ce tube cartonné.
Qu’était-ce ? Un rouleau de sopalin qu’on a décoré d’un papier peint fleuri ?
Je le prends. Il est un peu lourd pour un simple rouleau de sopalin déguisé. Mais qu’entends-je ?
On dirait qu’il y a quelque chose là-dedans ?
Oh mais en fait, c’est une boîte ! Une longue boîte en forme de long cylindre !
Je retourne l’objet.Regarde d’un côté, de l’autre du tube. Il n’y a pas d’ouverture, la boîte est fermée. Alors c’est une percussion peut-être.
On dirait une vitre ou un plastique transparent d’un côté du cylindre. De l’autre, un plastique noir laisse apparaître en son centre un tout petit trou.
On me dit de regarder par ce trou. Je ne sais plus qui me dit cela. Est-ce la vendeuse d’un magasin de jouets ? Ou un copain, chez lui à son anniversaire, on est dans sa chambre avec d’autres et je regarde ses jeux posés sur une des étagères ?
Est-ce David mon ami d’enfance qui m’a fait découvrir mon premier kaléidoscope ? Peut-être David oui. Peut-être pas… Peut-être la vendeuse de magasin ? Où, quand, comment ? Ma mémoire ne l’a pas retenu. Mais ce dont je me souviens, c’est cette sensation extraordinaire, lorsque j’ai vu pour la première fois la forme créée par un tube pourtant si ordinaire ! Un monde à part, un monde coloré à souhait, moi qui suis déjà amoureuse de la « multicolorité » (mot inventé hic et nunc). Un monde en forme de fleur au singulier ou au pluriel, un monde en rosace (je ne connaissais pas ce mot à l’époque), un monde où la symétrie est partout et nulle part, un monde avec de la brillance, des paillettes, des choses indéfinissables, des formes inconnues, le tout formant une harmonie.
Oui, le kaléidoscope formait l’Harmonie.
Je la voyais de mon œil candide d’enfant, à travers le trou de la serrure. Comme un beau secret dévoilé. Le secret d’une harmonie cachée dans un objet si anodin. Le cylindre. Le prétendu rouleau de sopalin.
-Fais-le tourner, tu vas voir, ça bouge !
-Comment ça, tourner ?
Et mon initiateur de prendre la longue-vue magique et de me montrer en regardant lui-même dedans, tout en faisant tourner l’instrument tubulaire entre ses mains.
-Tu vas voir, ça fait changer le dessin !
À mon tour.
Émerveillement de découvrir le motif beau et indescriptible bouger sous mon œil en émoi, ce tableau vivant et abstrait qui se métamorphose sous mes yeux. Il change, mais son sens de la symétrie, de l’harmonie, de l’équilibre des formes et des couleurs, cela ne change pas.
-Mais comment ça marche ?! Qu’est-ce que c’est ?
Je quitte mon œil du trou qui mène vers l’Harmonie.
-On dirait qu’il y a des perles dedans, des petits jouets, des petites choses ? C’est quoi ?
-C’est un kaléidoscope.
Et voilà que ce mot étrange entre dans mon vocabulaire alors que je n’ai pas 10 ans. En écoutant ces cinq syllabes, un autre monde, plus vaste encore que celui des objets, s’ouvre à moi : la chose est extraordinaire… et le mot, alors !
« KA-LÉ-I-DO-SCOPE »
Ces syllabes claquent à mon oreille. On pourrait faire de la musique avec, ce tube est un instrument à percussion.
Je veux plonger dans le mandala mouvant et impermanent qui s’y niche (à l’époque, je ne connais pas le mot « mandala » mais je le dis là).
À répétition, je m’amuse à secouer le kaléidoscope et à mettre mon œil dans la lucarne pour découvrir le monde improvisé et chaque fois unique qui s’y crée, après chaque nouveau mouvement.
Qui a inventé un objet aussi fabuleux, aussi créatif ?
Je reste un instant, plus longtemps, à l’intérieur. Je veux comprendre.
… Miroirs. Il y a des miroirs à l’intérieur.
Ça se reflète, ça se symétrise, tout bouge et tout se reflète, combien de fois ?
Ce qui crée la beauté, c’est le miroir.
Je me souviens de ma sensation quand enfin je comprends des coulisses de cette harmonie.
KALÉIDOSCOPE
MIROIRS
Il est des mots comme des gens, dans nos vies, qui passent… et on ne les remarque pas la première fois…. Puis ils repassent et… on ne les remarque peut-être toujours pas. Et puis un jour, on ne sait pourquoi, notre œil est frappé par leur présence, leur existence. Et ce jour-là, ça y est : on rencontre ces gens, on rencontre ces mots. Alors qu’ils avaient toujours été dans les parages. Le Kairos m’attendait.
DIGRESSION
Kairos, mot grec signifiant « le moment opportun », m’accompagne depuis mes années de prépa en Lettres Classiques. J’en parlerai plus amplement un autre jour, mais sachez que le latin et le grec sont mes deux grands compagnons de vie. Pourquoi ? Parce qu’ils décryptent la langue française pour moi. Je ne cesserai d’y recourir pour expliquer ma pensée, soyez prêts…
RETOUR
En octobre 2013, j’ai enfin daigné prêter attention à un mot qui pourtant tournait autour de moi depuis longtemps. Où et comment eut lieu la rencontre tant attendue ? C’était à Paris, dans une librairie Gibert sur les Quais près de la Cathédrale Notre-Dame. J’ai trouvé un livre et je l’ai acheté car le titre m’attirait. Les hasards nécessaires, Le rôle des coïncidences dans les rencontres qui nous transforment, de Jean-François Vézina (Les Éditions de l’Homme, 2001).
277 pages en édition Pocket. C’est à la page 136 que je l’ai rencontré.
Le mot « fractale ».
Nirina Ralantoaritsimba, Bordeaux, Mercredi 11 Mars 2020
… Suite au prochain chapitre !
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