Voyez-vous ce que je m’apprête à faire ? Combien de bougies dénombrez-vous ?
À qui suis-je en train de sourire, dans cette cuisine bleue au plafond haut ?
Ça y est ! J’ai soufflé mes 8 bougies, oui, il y en avait 8 : 4 rangées de 2 ou 2 rangées de 4, comme vous voulez ! En tout cas, ça y est, j’ai dépassé l’âge de raison !
Avez-vous déjà fêté votre anniversaire avec des inconnus ?
C’est ce qui m’est arrivé dimanche dernier.
Unglaublich. Incroyable.
Un anniversaire de plus qui s’ajoute à la longue liste de tous mes anniversaires ! Car j’ai feinté je l’avoue. Je n’ai pas 8 ans, j’en ai 44 ! Et non, je ne fais pas partie de ces êtres humains qui veulent dissimuler leur âge. Pour quoi faire ? Pour qu’on croie que je suis plus jeune ? Plus jeune donc plus… quoi ? Peu m’importe. Je n’ai pas d’âge. Ou alors j’ai tous les âges. C’est en tout cas ce que je ressens au plus profond de moi. Le nombre pourrait être 80 ou 150 ou 12 ans ou 28, c’est idem. J’évolue telle un caméléon dans le temps de mon existence, je change tout le temps, mon âge était chiffre et devient nombre ou redevient chiffre je ne sais plus je suis perdue et contente de l’être – je n’ai jamais été matheuse… ! Autrement dit, je ne me sens pas plus jeune quand j’ai 22 quand quand j’ai 44. Je me sens vivante, je me sais vivante (enfin je crois). Vivante, c’est tout et c’est TOUT.
En ce 11 octobre 2020, j’ai donc vécu un dimanche d’octobre pas comme les autres : dégustant des gâteaux à gogo, du thé, du café, dans des jolies porcelaines de Deutschland, savourant les salade de fruit, le gâteau aux pommes, les cheese cakes faits ou achetés par mes colocataires pour moi, pour mon anniversaire. Mes colocataires internationaux, des humains, hommes, femmes, de tous âges, dont je connais l’existence depuis un mois et cinq jours seulement !
Mais je ne connais pas ces gens !!! Ou juste un peu. Juste assez. Juste ce qu’il faut d’humanité.
Et ils sont là, autour de moi, dans cette cuisine, ils me sourient, ils allument mes 8 bougies en chantant “Zum Geburtstag Gut Glück” !
Ce monde est UNGLAUBLICH, franchement incroyable.
Et les voici qui m’indiquent encore d’autres gâteaux dans notre salle à manger commune, d’autres gourmandises.
Et l’une d’entre elle m’indique une enveloppe sur la table. Il y a mon nom écrit sur l’enveloppe. J’ouvre. Une carte. Avec un petit mot de chacun.
“Pour que tu ne nous oublies pas.” me dit Sophia.
Je ne sais pas vous. Peut-être cela vous est-il déjà arrivé.
Pour moi c’était la première fois et je m’en souviendrai toute ma vie.
Des inconnus me fêtent. Ils sont là, en ce dimanche après-midi pour célébrer le jour de ma naissance. On se connaît à peine.
J’ai 44 ans. J’ai l’impression d’être une enfant qui découvre la vie.