Posons-nous pour écrire à une terrasse de la nouvelle vieille ville, die neue Altstadt, rénovée depuis deux ans.
Faisons face au Römer, la Rathaus, la mairie de Frankfurt am Main depuis le XVe siècle.
Comment se sentir chez soi même ailleurs que chez soi ?
Bienvenue dans mon Journal de résidence !
Il continue avec une histoire de rencontre culinaire.
Savoir ouvrir son palais, c’est savoir s’ouvrir à une autre culture, dit-on.
J’avais savouré des Maultaschen quand j’étais ado grâce aux délicieuses recettes traditionnelles concoctées par la mère de ma correspondance allemande Vanessa.
C’était en 1990, lors de l’échange franco-allemand organisé par mon collège des Yvelines.
Ce fut une révélation culturelle et humaine pour moi, un premier tournant dans ma vie qui me prouvait que j’étais faite pour aller vivre des aventures à l’étranger !
“L’étranger…”
En Allemagne, en 1990 eut lieu la naissance de nouvelles amitiés au-delà de mes frontières hexagonales et surtout une nouvelle vision du monde : à l’époque, ma famille allemande faisait déjà du tri de déchets et c’était improbable pour moi qui jetais encore mes mouchoirs en papier sales par la fenêtre en voiture (Aïe, l’aveu…) !
Voyez la chemise en carton de l’époque. Je l’ai retrouvée et emportée avec moi. 1990-2020 : il n’y a qu’un pas. J’avais à peine 14 ans. J’ai à peine 44 ans.
La vie est un bref long voyage.
Et nos chemins s’entrecroisent dans l’espace-temps multidimensionnel ! Car j’ai appris hier que mon père (qui est l’un des protagonistes de mon essai autobiographique) a passé un mois dans sa jeunesse dans cette ville allemande qui m’accueille ! Un mois à Frankfurt am Main où, avec un ami de lycée, il faisait un petit boulot : trier les cornichons !
“J’ai trié les cornichons à Francfort pendant un mois, donc je connais la ville où tu es ! Et même, après avoir trié j’ai aussi poussé les wagons de cornichons. On habitait dans un foyer de travailleurs. Je sortais du bac, ça devait être un été peu après mon bac.”
Papa trieur de cornichons en Allemagne dans les années 60.
Et moi qui prends sa suite dans cette ville,
Pour trier…
Les archives familiales.
Cela s’appelle : les mandats transgénérationnels.