Je vous offre à lire un extrait du chapitre intitulé Les Chinois
dans mon roman « Nous sommes les ancêtres de ceux qui ne sont pas encore nés »
[…] Revenons au présent et observons Kate la multi-tâche qui switche et switche, et tout en se remémorant le souvenir de ce cours mythique, inspirée, se met à écrire en pianotant non-stop sur son ordi Mac :
Le 1er juillet 1862, le président Lincoln signe le Pacific Railroad Act, autorisant ainsi deux compagnies, Central Pacific et Union Pacific, à se lancer dans la construction du Transcontinental qui reliera les deux côtes et permettra le voyage sur terre d’Est en Ouest en huit jours seulement, au lieu des longs mois de navigation autrefois par le Cap Horn ou par l’isthme de Panama.
Le Central Pacific Railroad est le tronçon ferroviaire de l’Ouest reliant la Californie à l’Utah (1110 km). En 1863, les travaux débutent et c’est le 10 mai 1869 que la ligne rejoint celle du Union Pacific Railroad (tronçon de l’Est — 1749 km) à Promontory Summit en Utah, jour mémorable de la cérémonie du « Last Spike » ou encore « Golden Spike » (le clou d’or) symbolisant ainsi la connexion entre les deux tronçons, mais surtout l’union de la nation américaine. La mission a été accomplie en sept années par deux équipes de milliers d’ouvriers, parmi lesquels de très nombreux Chinois.
En effet, dès le début des travaux, des milliers de Chinois de la province de Kuantung furent embauchés par la Central Pacific Railroad Company, au mince salaire de 28 dollars par mois, pour accomplir les tâches et les travaux les plus dangereux. Les Chinois étaient réputés pour être des travailleurs infatigables et à l’agilité exemplaire, notamment pour se faufiler partout, escalader les falaises en s’agrippant aux cordes juste à temps pour échapper aux explosions. Les conditions de travail étant très rudes et précaires dans ces montagnes de la Sierra Nevada, de nombreux hommes périrent dans l’effort.
En 1868, sur 4000 ouvriers, les trois quarts étaient chinois. On comprend donc pourquoi les historiens s’accordent à dire que la collaboration chinoise à ce projet ferroviaire unique en son genre contribua largement à l’achèvement de celui-ci, en particulier avec le record final des dix miles de rails construits et posés en un jour, le 28 avril 1869. Ce n’est pas un hasard si l’équipe qui avait été choisie pour accomplir ce challenge était constituée principalement de Chinois.
Kate sourit devant son écran d’ordinateur, pendant que sa voisine la fixe, intimidée tant par sa rapidité à taper que par sa mine satisfaite de tâche accomplie. Kate ajoutera à son essai quelques photos en powerpoint, dont l’une représente des chinois affublés de leurs fameux chapeaux pointus et travaillant dans la neige, ainsi qu’une autre photo où l’on voit une équipe cosmopolite de travailleurs blancs, noirs et indiens aussi, tous unis dans l’effort. Kate se dit que ce serait formidable si sa voisine chinoise descendait tout droit d’un de ces Chinois de l’époque du transcontinental ! C’est possible : Kate descend bien, elle-même — son père en parlait souvent — d’une arrière-arrière-arrière (elle-ne-sait-pas-combien-de-fois) arrière-grand-mère d’origine française de Bordeaux, la ville française du vin que lui a tant vantée son père. Cette lointaine ancêtre, une certaine Geneviève, femme aventurière dont elle porte encore les gènes dans son ADN de californienne, aurait migré en Amérique, toute seule, en célibataire, pour arriver en Californie à l’époque de la ruée vers l’or !
*
À présent, je vous offre à lire un extrait du chapitre de ma thèse sur les récits de voyage. J’y fais référence à une image que j’insère ici :
Ce chapitre est intitulé : « CALIFORNIE » : UN NOM, UN LIEU ET LA NAISSANCE D’UN MYTHE.
La photographie emblématique du célèbre Golden Pike ou Last Pike (« Clou d’Or » ou encore « Dernier Clou » coulé en or 18 carats) immortalise la cérémonie du 10 mai 1869 à Promontory Point dans l’Utah. Il s’agit d’un large portrait représentant l’immense équipe d’ingénieurs et de travailleurs, dont la composition est mise en scène de part et d’autre d’une bouteille de champagne qui sera brisée entre les deux locomotives. Au milieu d’une foule d’ouvriers où curieusement aucun Chinois ne figure alors qu’ils constituaient en réalité la majorité de la main d’œuvre, on assiste à la poignée de main symbolique des chefs ingénieurs de construction des deux grandes sociétés partenaires : Samuel S. Montague (du Central Pacific) et Granville M. Dodge (du Union Pacific). Ainsi, près de vingt années après la découverte d’or à Coloma, la Frontière est officiellement ouverte, et l’on peut célébrer la connexion des deux tronçons ferroviaires : le Central Pacific Railroad qui est le tronçon ferroviaire de l’Ouest reliant la Californie à l’Utah (1110 km) et le Union Pacific Railroad qui est le tronçon de l’Est (1749 km). Du même coup, cette date scellée par l’or marque l’union de la nation américaine. En effet, après les années de guerre civile, il permet en quelque sorte d’évacuer la crainte de division profonde entre Est et Ouest. L’inscription gravée sur le dernier rivet placé à la jonction des deux tronçons en atteste : « Puisse Dieu perpétuer l’union de notre pays, comme ce chemin de fer unit les deux grands océans de notre planète ».
*
Si vous souhaitez lire mon roman en entier, vous pouvez cliquer ici pour le commander ! Il est aussi disponible en version ebook sur d’autres plateformes, dont Cultura par ici !